Publié par : manuelsds | 4 juillet 2011

Gaz de schiste : la fracturation hydraulique bientôt autorisée dans l’État de New York

Gaz de schiste : la fracturation hydraulique bientôt autorisée dans l’État de New York

par Guillaume Duhamel, Lundi 4 juillet 2011

Gaz de schiste : la fracturation hydraulique bientôt autorisée dans l'État de New York

Les opposants américains à l’exploitation des gaz de schiste pourraient boire le calice jusqu’à la lie avec la décision de l’Etat de New York d’autoriser la fracturation hydraulique. D’autres pourraient hélas en faire autant dans les mois à venir

Il est des régions où la fracturation hydraulique, la technique d’extraction la plus controversée du moment, semble désespérément imperméable aux doutes.

 

Elle est depuis la fin de la semaine dernière officiellement interdite par la loi en France – les industriels ont néanmoins su sauver l’essentiel, à savoir la possibilité de proposer une technique à la dénomination différente bien qu’analogue sur le fond – mais ce n’est pas la même musique aux États-Unis, berceau de l’exploitation des gaz de schiste qui, malgré l’accumulation d’études et autres révélations franchement préoccupantes, ne semblent tirer aucun enseignement des évolutions récentes du dossier. Comme si le documentaire Gasland était resté circonscrit à quelques salles obscures, comme si les poursuites judiciaires lancées par la canadienne Jessica Ernst, propriétaire d’un puits artésien contaminé, étaient promises à rester épiphénoménales, comme si le méthane n’avait pas investi certaines eaux de Pennsylvanie, État qui a foncé tête baissée sans demander son reste à la population, comme si les secousses sismiques enregistrées dans l’Arkansas mais aussi dans la région de Blackpool (Grande-Bretagne) relevaient de l’anecdote.

La rentabilité et l’accès à l’indépendance énergétiques justifient-ils une saignée écologique que des millions d’être humains croient à juste titre évitable ? Oui aux yeux des autorités fédérales de l’État de New York, lesquelles s’apprêtent donc, au mépris du bien-être de ses habitants, de l’environnement, bref de la décence, à avaliser une technique d’extraction dont l’ignominie est pourtant éprouvée depuis de longs mois.

gaz de schiste et fracturation hydraulique en débat au Sénat

Jackpot économique, faillite écologique

 

La mobilisation citoyenne de ces derniers mois est allée crescendo mais les décideurs n’en ont manifestement cure, alléchés qu’ils sont par l’odeur des pétrodollars. Principal concerné par cette disposition dont Shell, BP et les nationaux de l’étape Exxon Mobil, Chesapeake et Devon peuvent se réjouir et qui pourrait permettre, à terme, de faire rentrer onze milliards de dollars (environ sept milliards cinq cents millions d’euros) dans les caisses de l’État, l’immense gisement Marcellus Shale, qui s’étend sur des millions d’hectares et où les taux de méthane relevés dans les eaux potables voisines atteignent dix-sept fois – dix-sept fois ! – ceux observés dans des sites plus éloignés.

Également foulées au pied par l’absence de tradition en matière de développement durable sur le territoire américain, les pollutions sonore et atmosphérique, assez importantes pour nous faire presque regretter le temps où les hydrocarbures conventionnelles tenaient seules le haut du pavé. Faut-il maintenant s’attendre à un effet domino ? Rien ne laisse en tout cas présager d’un durcissement de la législation en vigueur outre-Atlantique.

À un an et demi des élections présidentielles, au cours desquelles le débat sur les gaz de schiste bénéficiera peut-être enfin de l’audience nationale qu’il mérite, Barack Obama a encore le temps de sortir de sa léthargie. Il en va de l’intérêt de tous ses compatriotes, républicains et autres fossilocrates y compris.

Crédits photos : flickr – Marcellus Protest / Wikimedia Commons – Ruhrfisch

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